« Discours sur les sciences et les arts » de Jean-Jacques Rousseau est une oeuvre philosophique audacieuse qui a propulsé son auteur sur le devant de la scène intellectuelle européenne au XVIIIe siècle. Rédigé en réponse à la question de l'Académie de Dijon « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les moeurs », ce texte provocateur prend le contre-pied des idées dominantes des Lumières. Rousseau y développe une critique acerbe de la civilisation et du progrès, arguant que les sciences et les arts, loin d'améliorer la condition humaine, ont corrompu les moeurs et éloigné l'homme de sa vertu naturelle. Il oppose la simplicité et l'ignorance vertueuse des sociétés primitives au raffinement décadent des sociétés modernes, accusant ces dernières d'avoir affaibli les qualités morales et guerrières des hommes. L'auteur dépeint un âge d'or mythique où les hommes vivaient en harmonie avec la nature, avant que le développement des connaissances et des arts ne vienne pervertir leur innocence originelle. Il affirme que les sciences et les arts servent de « guirlandes de fleurs sur les chaînes de fer » qui asservissent l'humanité, détournant les hommes de leurs devoirs essentiels et les rendant complices de leur propre oppression. Ce discours, qui s'inscrit dans la tradition des grands essais philosophiques, offre une réflexion profonde sur les fondements de la société et de l'éducation. Rousseau y pose les jalons de sa pensée future, qui culminera dans son oeuvre majeure « Du contrat social ». Malgré sa critique des savoirs, Rousseau reconnaît le génie de certains grands hommes comme Descartes ou Newton, nuançant ainsi son propos et ouvrant la voie à des débats passionnants sur le rôle de la connaissance dans le progrès humain. « Discours sur les sciences et les arts » reste une lecture essentielle pour quiconque s'intéresse à l'histoire des idées, à la philosophie politique ou à la critique de la modernité.